L’agent de santé communautaire Hawa Koné a consacré sa vie à prendre soin des enfants et des mères au cœur du Mali. Découvrez comment DISC-Mali, un outil de santé numérique révolutionnaire, l’aide à offrir un soutien vital à des centaines de familles.
Certaines personnes choisissent leur métier.
D’autres, comme Hawa Koné, ont l’impression que leur travail les a choisi.
« Je suis née là-dedans », dit Hawa, agent de santé communautaire (ASC) dans la région de Ségou, au sud-centre du Mali. « Mon père était un agent de santé. C’est pour ça que j’ai aimé être un agent de santé. »
En grandissant, les membres de sa communauté se présentaient à sa porte avec divers maux. Son père les soignait et elle les voyait retrouver la santé.
« Tant qu’il n ‘était pas là ce jour-là, ça n’allait pas » explique Hawa. « J’étais vraiment contente et fière d’être la fille de mon papa parce qu’il sauvait des vies.
J’ai vu l’importance des agents de santé. C’est quelque chose que je n’oublierai jamais dans ma vie.
Sauver des vies, c’est quelque chose qu’on n’imagine même pas. Tu n’es pas Dieu, mais tu fais un travail comme Dieu. C’est pourquoi j’aime être une ASC. »
Hawa s’occupe de 132 ménages répartis sur quatre villages. Le plus éloigné se trouve à 7 km de chez elle.
À chaque fois qu’elle part en tournée, sa tablette — et l’application de santé numérique DISC-Mali — l’accompagnent toujours.
« Les outils numériques facilitent nos tâches »
En 2023, le Mali est devenu le premier pays d’Afrique de l’Ouest à adopter des outils numériques de santé communautaire à l’échelle nationale dans le cadre d’une réforme audacieuse de son système de santé.
Après des années de collaboration dans le pays avec Muso, Medic a dirigé la personnalisation et la mise en œuvre d’un système national d’information électronique de santé communautaire, en collaboration avec un comité d’ONG et d’autres organisations.
En mars 2023, le Ministère de la Santé et de l’Hygiène Publique a officiellement lancé la Digitalisation de la Santé Communautaire (DISC-Mali), une application développée avec un ensemble de logiciels et de ressources open-source connus sous le nom de Community Health Toolkit.
Le lancement, dans la région d’origine de Hawa, à Ségou, a été accompagné de la distribution de 2 000 tablettes en plus des 26 000 fournies par divers partenaires.
Lors de ses tournées, Hawa effectue généralement 5 à 10 visites de ménage par jour. DISC-Mali l’aide à planifier ses tournées, lui envoie des rappels concernant des rendez-vous importants et la guide dans le diagnostic et le traitement des maladies.
« Je peux tout faire sur ma tablette » dit Hawa. « La digitalisation est très, très importante. Ça me permet de connaître la population, les ménages de mon site…Chaque jour, je fais le tour de mon village pour voir les enfants, pour faire les visites à domicile. Cela me permet de savoir si un enfant est malade aujourd’hui ou s’il y a de la malnutrition.
La différence avec les tablettes, ça me permet de connaître les rappels. Elle me rappelle toujours qu’il y a des choses à faire aujourd’hui – cet enfant a besoin d’un suivi, cet enfant a besoin d’une vaccination, et cette femme a une consultation prénatale ou une date prévue d’accouchement. Si ce n’était pas cette tablette qui nous rappelle la date, nous pourrions passer à côté.
L’avantage des tablettes, ça nous guide à faire les bons traitements. Les outils numériques facilitent nos tâches. DISC-Mali est un excellent outil de travail. »
« Si je n'avais pas été là, l'enfant n'aurait pas été sauvé »
Être agente de santé communautaire fait partie de l’ADN de Hawa, et elle n’imagine pas une autre manière de vivre, affirmant : « Même si on me donne un autre travail que je dois faire, tant que ce n’est pas en domaine d’ASC, je ne l’aimerais pas. J’aime mon métier. »
Pour Hawa, il est gratifiant de constater un grand changement dans la réduction de la mortalité maternelle et infantile dans sa région — en grande partie grâce à ses soins et à sa vigilance. « Depuis que je suis ici, il y a environ 10 ou 11 ans, il n’y a eu aucun décès maternel ou infantile en ma présence » dit-elle.
« Chaque jour, je suis chez les ménages, donc quand quelque chose ne va pas, je le vois. Dès que les premiers signes du travail de grossesse commencent chez la femme, je l’envoie au centre de santé communautaire pour accoucher. »
Cela est crucial au Mali. En 2022, l’USAID et les Nations Unies ont rapporté que 41 % de tous les décès au Mali étaient des décès d’enfants et de mères évitables. Fournir aux femmes enceintes des soins qualifiés, dans un établissement dédié et au moment où elles en ont besoin, peut réduire les complications et améliorer les chances de survie.

